Il a été formé à la conservation du patrimoine à l’École nationale des chartes, avant de bifurquer vers l’Ena pour devenir conseiller d’État. Mais la passion de l’histoire n’a jamais quitté Marc Sanson, Amboisien depuis 1972. En 2023, il a publié un livre qui fait autorité sur l’histoire de Notre-Dame-du-Bout-des-Ponts. Et il dresse un constat inquiet sur l’état des édifices amboisiens : « Aujourd’hui, il est urgent d’agir ».
Quel diagnostic général faites-vous du patrimoine religieux amboisien ?
Marc Sanson : « Je suis préoccupé parce qu’il est dégradé et que peu a été fait depuis plusieurs années. Amboise compte cinq édifices religieux : les églises Saint-Denis, Saint-Florentin, Notre-Dame-du-Bout-des-Ponts, et les chapelles Saint-Jean sur l’île d’Or et Saint-Denis dans l’enceinte de l’hôpital. Deux ne sont pas en mauvais état, il s’agit de Saint-Florentin et de la chapelle Saint-Denis. En revanche, l’église Saint-Denis, Notre-Dame-du-Bout-des-Ponts et la chapelle Saint-Jean ne sont pas en bon état, à des degrés divers. »
Commençons par Notre-Dame-du-Bout-des-Ponts.
« La restauration extérieure a été faite grâce aux jambes de Françoise Bacon en 2019. Mais l’intérieur n’a pu être fait car le budget était insuffisant. Ou, il est dans un piteux état. Le maître-autel a dû être étayé car il menaçait de tomber. Je ne suis pas sûr que l’étai actuel suffit, il y a des morceaux qui se sont détachés. La chaire se décolle du mur, il ya des statues qui ont été retirées, les lambris ont été enlevés pour faire respirer le mur… Il n’y a plus rien. L’église est dépouillée, les bureaux s’y déroulent tant bien que mal une fois par mois. Mais elle est impropre à la visite, il ne servirait à rien de la rouvrir. »
Avez-vous une idée du budget nécessaire à la réhabilitation ?
« Je ne sais pas chiffrer les travaux à réaliser, mais c’est de l’ordre de quelques centaines de milliers d’euros. Un diagnostic a été fait par un architecte du patrimoine, qui a conclu qu’une étude hydrogéologique préalable était nécessaire car il ya des remontées de la Loire. Il a été fait en 2022 et remis à la Ville début 2023. Depuis, il ne se passe rien. »
Pourtant, il y a une urgence, selon vous ?
« Oui, car on ne peut pas laisser la situation en l’état. L’état du maître-autel ou de la chaire, c’est urgent. L’église mérite d’être assassinée. »
Quelle est l’autre priorité ?
« La chapelle Saint-Jean. Là, les travaux sont moins importants, mais ils sont urgents. Elle a été restaurée en profondeur dans les années 1970. En 2022, on s’est aperçu qu’il y avait des désordres dans la charpente, qui risquaient de s’effondrer, et donc de faire tomber la voûte. On a fait des travaux de confortation provisoire, on a mis une bâche sur le toit et un périmètre de sécurité. Mais on n’a rien fait depuis. »
Et puis il ya l’église Saint-Denis…
« C’est un gros chantier, c’est probablement pour cela qu’on semble reculer. Il y a eu des fuites au toit, à tel point qu’on a été obligé de mettre un seau. Cela a été réparé mais il y a des dégâts collatéraux car cela a attaqué également la charpente. Les murs ne sont pas en bon état, il y a beaucoup de fissures liées à des infiltrations, le chœur est à reprendre complètement… »
Quel serait le coût des travaux ?
« Les estimations sont de 5 à 7 millions d’euros. Il faudrait procéder par tranches, sur plusieurs années. C’est un édifice classé aux Monuments historiques, les travaux peuvent donc être payés par l’État jusqu’à 50 %. D’autres subventions sont également possibles pour aider la Ville. Mais à condition d’avoir monté un dossier. Ce qui est certain, c’est que plus on attend, plus les travaux seront lourds et coûteront cher. »
« L’église Notre-Dame-du-Bout-des-Ponts, histoire, architecture et mobilier », de Marc Sanson, aux Éditions Hugues de Chivre (212 pages, 40 €).